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L'essor de la Shadow AI : risques et solutions pour les entreprises en 2025

L'essor de la Shadow AI : risques et solutions pour les entreprises en 2025
Ismail Abakar Adoum Vues : 235 28.09.25 • 16:46

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En 2025, l'intelligence artificielle générative n'est plus une simple tendance, mais un outil de productivité omniprésent. Des générateurs de texte aux assistants de code, en passant par les outils d'analyse de données, l'IA est devenue un réflexe pour de nombreux employés. Paradoxalement, cette adoption rapide, souvent hors des circuits officiels, a donné naissance à un phénomène majeur : la "Shadow AI".

La "Shadow AI" désigne l'utilisation, par des employés ou des équipes, d'outils d'IA externes et non approuvés, sans la connaissance ni le contrôle des services informatiques ou de la gouvernance de l'entreprise.[1, 2] Cette pratique, également connue sous le nom de "Bring Your Own AI" (BYOAI), pose des risques considérables pour la sécurité des données, la conformité réglementaire et la réputation de l'entreprise.[3, 2]

Cet article de fond se propose de décortiquer le phénomène de la "Shadow AI" : ses origines, les dangers qu'elle représente et, surtout, les solutions concrètes pour la maîtriser. L'objectif n'est pas de freiner l'innovation, mais de la canaliser de manière responsable et sécurisée, en transformant une menace potentielle en une opportunité stratégique.



1. Comprendre le phénomène de la "Shadow AI"

1.1 Définition et distinction avec la "Shadow IT"

Le concept de "Shadow AI" s'inscrit dans la lignée de la "Shadow IT", qui fait référence à l'utilisation de logiciels, de matériels ou d'infrastructures informatiques non autorisés sur le réseau d'une entreprise.[1] Bien que les deux termes décrivent l'adoption de technologies sans l'aval de la direction, la "Shadow AI" présente des risques spécifiques liés à la nature même de l'intelligence artificielle.[1]

Alors que la "Shadow IT" est souvent motivée par des défis de gestion informatique, l'IA fantôme est le plus souvent adoptée par des employés ou des équipes qui cherchent à améliorer leur productivité ou à automatiser des tâches répétitives.[1, 2] Ils utilisent des outils d'IA non approuvés tels que des générateurs de contenu pour rédiger des courriels, des outils d'analyse pour leurs rapports, des assistants de codage ou même des générateurs d'images.[1]

Le problème principal de la "Shadow AI" est que les outils non autorisés collectent et stockent des données en continu, y compris des informations sensibles de l'entreprise ou des clients, et peuvent les utiliser pour l'entraînement de leurs modèles, ce qui expose l'organisation à de graves dangers en matière de confidentialité.[2]


1.2 Les raisons de l'essor de la "Shadow AI"

Plusieurs facteurs expliquent la prolifération de la "Shadow AI" en 2025 [1, 2] :

Une accessibilité et une convivialité déconcertantes : de nombreux outils d'IA générative sont gratuits, faciles d'accès et dotés d'une interface utilisateur intuitive.[2] L'« empathie » apparente de l'IA favorise la confiance, encourageant les utilisateurs à y saisir des informations sans réfléchir aux conséquences.[2]
La frustration face aux outils existants : les employés peuvent se sentir limités par les outils fournis par leur entreprise, les jugeant lents, complexes ou inefficaces pour leurs besoins spécifiques. Ils se tournent alors vers des solutions externes, plus adaptées et plus agiles, pour répondre à leurs défis en temps réel.[1]
La quête de productivité : face à une charge de travail croissante, les employés cherchent des moyens d'améliorer leur efficacité personnelle et collective en automatisant des tâches répétitives. L'IA leur semble être la réponse la plus directe et la plus rapide pour y parvenir.


2. Les risques majeurs de la "Shadow AI"

L'adoption incontrôlée de l'IA par les employés peut sembler anodine au premier abord, mais les risques sous-jacents sont profonds et peuvent avoir des conséquences désastreuses pour l'entreprise.

2.1 Menaces sur la sécurité et la confidentialité des données

Le risque le plus immédiat de la "Shadow AI" est la violation de la sécurité des données.[1, 2] Lorsque les employés utilisent des outils non approuvés pour des tâches professionnelles, ils peuvent y soumettre des informations confidentielles, des données clients ou des secrets commerciaux. Ces outils, dont la sécurité n'a pas été auditée par l'équipe informatique, peuvent introduire des logiciels malveillants, des bogues ou du code défectueux dans les processus de l'entreprise. La politique de confidentialité de ces outils externes est souvent opaque, et les données peuvent être stockées sur des serveurs non sécurisés ou utilisées pour entraîner des modèles publics, exposant l'entreprise à des fuites massives d'informations.[2]

2.2 Défis de la conformité réglementaire

En 2025, la réglementation sur l'IA se renforce, en particulier en Europe avec l'entrée en vigueur de l'AI Act.[4] Les entreprises sont soumises à des normes strictes en matière de gestion des données et d'utilisation éthique de l'IA.[4] L'utilisation d'outils non conformes expose l'entreprise à des risques légaux, des sanctions financières et une perte de crédibilité auprès des autorités de régulation.[2] La "Shadow AI" rend impossible la traçabilité des actions et le contrôle de l'ensemble des systèmes d'IA utilisés, créant un angle mort pour les équipes de conformité et de gouvernance.[3]

2.3 Risques de perte de réputation et de fragmentation opérationnelle

Au-delà des risques techniques et légaux, la "Shadow AI" met en péril la réputation de l'entreprise.[2] Si un outil non maîtrisé produit des résultats biaisés, erronés ou discriminatoires, la marque peut être directement associée à ces résultats négatifs.[3] L'utilisation d'outils non approuvés peut aussi entraîner une incohérence dans l'utilisation des données et la prise de décision, en particulier si différentes équipes utilisent des outils différents pour des tâches similaires. Cette situation crée un environnement informatique fragmenté, renforce les silos et gaspille des ressources, ce qui entrave l'efficacité opérationnelle.[1]


3. Les solutions stratégiques pour maîtriser la "Shadow AI"

Combattre la "Shadow AI" ne signifie pas l'interdire, mais la maîtriser.[1, 2] La solution réside dans une approche proactive qui combine la fourniture d'outils sécurisés, une gouvernance claire et une sensibilisation constante des employés.[1]

3.1 Fournir et sanctionner des outils approuvés

Pour éviter l'utilisation de solutions externes, les entreprises doivent fournir à leurs équipes des outils d'IA utiles et sécurisés, qui répondent à leurs besoins.[1, 2] Il est essentiel de mettre en place un processus de validation et de gestion rigoureux pour les applications d'IA.[1] L'acquisition de licences d'entreprise pour les outils sanctionnés offre une sécurité renforcée par rapport aux versions grand public.[1] Un exemple concret de solution sécurisée est l'intégration d'outils comme Microsoft 365 Copilot Chat, qui répond aux exigences de confidentialité et de conformité.[2]

3.2 Établir un cadre de gouvernance de l'IA

La mise en place d'une gouvernance de l'IA est une étape cruciale.[1] Ce cadre doit inclure un ensemble de politiques et de pratiques pour guider l'utilisation des systèmes d'IA.[1] Ces lignes directrices doivent être claires et concises.[1] Une gouvernance efficace permet de :



Définir des spécifications claires sur l'utilisation de l'IA au sein de l'entreprise.[1]
Tenir compte de la culture d'entreprise et des potentiels biais dans les processus.[1]
S'assurer que les outils d'IA respectent les normes de sécurité, de conformité et de performance.[1]

3.3 Prioriser la formation et la sensibilisation

La technologie seule ne peut pas résoudre le problème de la "Shadow AI" ; la gestion du changement est essentielle.[2] Les entreprises doivent investir dans la formation de leurs employés sur les risques liés à l'IA et aux bonnes pratiques d'utilisation.[1, 2] Cette éducation doit se concentrer sur l'importance de la confidentialité des données et des implications d'une utilisation imprudente d'outils non sécurisés.[2] L'objectif est de transformer les employés en alliés, conscients des enjeux et prêts à utiliser l'IA de manière responsable.[1]

3.4 Encourager l'innovation dans un environnement sécurisé

Il est important de reconnaître que l'adoption de la "Shadow AI" est souvent motivée par le désir d'innover et de trouver de meilleures solutions.[1, 2] Les entreprises peuvent canaliser cette créativité en créant des environnements d'expérimentation sécurisés, appelés "sandboxes".[1] Ces espaces dédiés permettent aux équipes d'explorer de nouvelles applications de l'IA dans un environnement surveillé, sans risque pour les données sensibles. Cela permet aux équipes informatiques de repérer les innovations utiles et de les intégrer aux systèmes officiels de l'entreprise, transformant ainsi la "Shadow AI" en une source de valeur et non plus de risque.[1]

3.5 Renforcer les contrôles d'accès

Même avec des politiques claires, il est important de mettre en place des mesures techniques pour limiter les risques. Les entreprises peuvent renforcer leurs contrôles d'accès pour gérer manuellement les autorisations d'accès aux données sensibles.

A NOTER

Les agents d'IA, qui sont des programmes autonomes capables d'exécuter des tâches complexes, doivent être strictement encadrés en appliquant le principe du moindre privilège.

Pour les tâches sensibles, comme l'envoi de courriels ou la modification de documents, une supervision humaine active doit être maintenue.[5]




4. La gouvernance de l'IA, un pilier pour l'avenir

L'intégration de l'IA dans l'entreprise, de manière sécurisée et éthique, nécessite plus qu'une simple liste de bonnes pratiques ; elle requiert une véritable gouvernance.[1]

4.1 La création d'un "AI Center of Excellence"

Pour centraliser la stratégie de l'IA, les entreprises peuvent établir un "AI Center of Excellence" (CoE).[1] Ce centre a pour mission de définir un ensemble de politiques et de pratiques pour l'utilisation des systèmes d'IA au sein de l'entreprise. Les équipes du CoE veillent à ce que les outils d'IA répondent aux besoins opérationnels tout en respectant les normes de sécurité et de conformité. Le CoE est également le garant de la transparence de l'IA, en veillant à ce que les processus de décision soient clairs et que les outils ne renforcent pas les biais.[1]

4.2 L'IA de confiance et le rôle de l'humain

En 2025, la notion d'IA de confiance devient centrale.[4] Les entreprises sont encouragées à adopter une approche responsable qui garantit que leurs systèmes d'IA sont éthiques, transparents et sécurisés.[4] Dans ce contexte, la supervision humaine demeure indispensable, notamment pour les tâches qui impliquent des données sensibles ou des décisions complexes.[5] La transparence, tant pour les employés que pour les clients, est essentielle pour renforcer la crédibilité de la marque et construire une relation de confiance durable.[1]

Bref, transformer le risque en opportunité

La "Shadow AI" n'est pas un problème à ignorer. Sa présence, à grande échelle, est une réalité pour de nombreuses entreprises en 2025.[3] Si elle expose l'organisation à des risques de sécurité, de conformité et de réputation, elle est aussi un indicateur de la volonté des employés de s'approprier les technologies pour améliorer leur travail.[1]

L'approche la plus efficace consiste à passer de la répression à l'intégration. En fournissant des outils sécurisés, en instaurant un cadre de gouvernance clair et en encourageant l'expérimentation dans un environnement contrôlé, les entreprises peuvent transformer le phénomène de la "Shadow AI".[1] En d'autres termes, l'objectif est de faire sortir l'IA de l'ombre pour la placer sous la lumière d'une stratégie d'entreprise réfléchie et responsable, où l'innovation se développe de manière sécurisée et éthique. C'est en faisant preuve de transparence et en valorisant l'expertise de leurs équipes que les entreprises pourront tirer pleinement parti du potentiel de l'intelligence artificielle pour se positionner comme des leaders d'opinion et des références en matière de gestion des risques.



Références

[1, 2] : Ces références renvoient à des articles traitant de la "Shadow AI", de ses dangers pour la sécurité et la conformité des données, ainsi que des solutions pour la gérer. Sources : https://www.youtube.com/watch?v=PjGNlbH6WZ4, https://www.swisscom.ch/fr/b2bmag/new-way-of-working/shadow-ai-risques-protection/ et https://www.zendesk.com/blog/shadow-ai/

[3, 2] : Ces références discutent des risques de la "Shadow AI" et des enjeux technologiques de 2025. Sources : https://inbound.lasuperagence.com/blog/25-predictions-ia-2025/ et https://www.swisscom.ch/fr/b2bmag/new-way-of-working/shadow-ai-risques-protection/

[1] : Ces sources approfondissent le concept de "Shadow AI", ses causes, ses risques et les solutions de gouvernance. Sources : https://www.youtube.com/watch?v=PjGNlbH6WZ4, https://www.zendesk.com/blog/shadow-ai/

[2] : Ces articles traitent des risques liés à l'utilisation non approuvée d'outils d'IA. Sources : https://www.swisscom.ch/fr/b2bmag/new-way-of-working/shadow-ai-risques-protection/ et https://www.zendesk.com/blog/shadow-ai/

[3] : Cette référence aborde les prédictions et tendances de l'IA pour 2025, incluant les enjeux de l'IA responsable et l'impact de la "Shadow AI". Source : https://inbound.lasuperagence.com/blog/25-predictions-ia-2025/

[4] : Ces sources se concentrent sur l'impact éthique et environnemental de l'IA, notamment l'AI Act européen. Sources : https://infos.ademe.fr/magazine-janvier-2025/regards-croises-sur-limpact-de-lia-generative/ et https://www.ethique.gouv.qc.ca/ethique-hebdo/ia-generative-environnement/

[5, 1] : Ces références traitent de l'encadrement des agents d'IA et de l'encadrement de la "Shadow AI". Sources : https://www.francenum.gouv.fr/guides-et-conseils/intelligence-artificielle/agents-conversationnels-et-assistants-virtuels et https://www.zendesk.com/blog/shadow-ai/

[5] : Cette source fournit des informations sur l'utilisation des agents d'IA et leur encadrement dans les entreprises. Source : https://www.francenum.gouv.fr/guides-et-conseils/intelligence-artificielle/agents-conversationnels-et-assistants-virtuels



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